La fin des reculs gouvernementaux face aux mouvements sociaux en France : Comment en est-on arrivé là ?

La fin des reculs gouvernementaux face aux mouvements sociaux en France : Comment en est-on arrivé là ?

Depuis toujours, en France, la population a réussi à faire reculer les gouvernements grâce à des mouvements sociaux déterminés et organisés. Mais depuis la lutte victorieuse contre le CPE en 2006, plus rien n'est pareil. Les gouvernements ne reculent plus, même devant des foules massives dans les rues. La loi sur l'autonomie des universités en 2007, la bataille des retraites en 2010, les mobilisations contre la loi El Khomri en 2016 ou les ordonnances Macron en 2017, contre le logiciel de sélection dans l'enseignement supérieur Parcoursup en 2018… rien n'a suffi à faire fléchir le pouvoir.

Le modèle Thatcher a fait école et les gouvernants ne cèdent plus aux pressions populaires. Ils s'accommodent de toutes les perturbations que les mouvements sociaux peuvent provoquer. Même si les poubelles s'entassent, les stations-service sont à sec, les trains sont annulés, les classes fermées ou les routes bloquées, ils ne cèdent pas. Et s'ils se sentent acculés, ils réquisitionnent et répriment pour maintenir l'ordre. Cette dureté est même devenue un attribut du pouvoir en République, témoignant d'un sens de l'État et d'un courage politique.

Mais comment en est-on arrivé là ? Qu'est-ce qui a changé depuis la fin des années 80 et 90 où les gouvernements pliaient sous la pression des mouvements sociaux ? Plusieurs éléments de réponse peuvent être avancés. Tout d'abord, les gouvernements ont pris conscience que les mouvements sociaux ne représentaient plus une menace crédible pour leur pouvoir. Les manifestations et les grèves ne mobilisent plus autant qu'avant, les syndicats ont perdu en influence et les citoyens sont moins impliqués dans la vie politique.

Ensuite, les gouvernements ont réussi à s'organiser pour résister aux mouvements sociaux. Ils disposent d'outils de communication sophistiqués qui leur permettent de maîtriser l'opinion publique. Ils ont aussi renforcé leur arsenal répressif et leur capacité à gérer les situations de crise. Enfin, ils ont su adopter des stratégies de communication pour discréditer les mouvements sociaux et les présenter comme des groupes minoritaires, violents et illégitimes.

Malgré tout, il est important de rappeler que les mouvements sociaux restent un élément essentiel de la démocratie. Ils permettent aux citoyens de s'exprimer et de se faire entendre en dehors des périodes électorales. Ils constituent une force de proposition pour les gouvernements et peuvent contribuer à faire évoluer les politiques publiques. Mais pour être efficaces, ils doivent se réinventer et trouver de nouvelles formes d'action qui puissent mobiliser davantage les citoyens et les sensibiliser aux enjeux de société.